Pour leurs enfants et leurs petits-enfants, Anne et Jean-Louis Schreiber retracent leur enfance, leur adolescence et leur rencontre au cœur des collines sous-vosgiennes.
Puisant dans la mémoire familiale, ils mêlent anecdotes et événements de la Grande Histoire. Tout a commencé dans les Vosges est le récit de deux parcours qui se sont croisés à Munster à la fin des années 1960. C’est aussi, plus largement, un témoignage sur l’évolution de l’Alsace dans la seconde moitié du XXe siècle.
Extrait
« La route qui menait à notre chalet était bordée de magnifiques conifères. Elle continuait en lacet jusqu’à la villa du patron. Et à chaque virage, au cœur de grands bosquets d’arbres, se trouvaient d’autres propriétés de la famille Hartmann.
J’ai passé dix années idylliques dans ce chalet entouré de sapins. Les conifères, au printemps, étaient couverts de cônes rouges… Bref, c’était une enfance bucolique comme on en rêve, avec de l’espace, des arbres, de l’air pur ! Autour de la maison, les prés et forêts s’étendaient à perte de vue. En été, c’était une explosion d’odeurs et de couleurs ; en hiver, tout était blanc. Malheureusement, la ville de Munster a construit plus tard un lotissement à cet endroit, qui a complètement dénaturé le paysage.
Notre chalet était pourvu de tout le confort moderne pour l’époque : nous avions une salle de bain, le chauffage central… Dans notre jardin, nous élevions des lapins, des poules, quelques corneilles et pigeons : je les élevais dans de grandes cages, puis les libérais.
Ma mère avait la main verte. Dans le jardin qui jouxtait la maison, elle cultivait des légumes (pommes de terre, salades, carottes, choux…), des fruits (groseilles, fraises, etc.), avec lesquels elle faisait d’excellentes confitures. À cette époque, les gens faisaient tout eux-mêmes. L’entreprise mettait aussi à notre disposition un jardin près de l’Abbatiale, au centre de Munster, et du côté du Leebach et Soli, maman avait hérité de deux petits terrains sur lesquels poussaient des quetschiers, des mirabelliers, des cerisiers et des pommiers. À la belle saison, les parents m’emmenaient cueillir des fruits dans de grands paniers en osier. Nous récoltions aussi régulièrement des fruits sauvages (mûres, myrtilles, framboises et champignons) dans la forêt. Plusieurs kilos de cerises et de mirabelles étaient stockés dans des tonneaux ; à l’issue d’un long processus de macération et de distillation, les fruits se transformaient en schnaps ! »
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